Monday, March 24, 2008

live fast die young

Un mois à rien foutre, ça rend fou parfois.
Clouée au fond de ma tête la sensation, comme une urgence, qu’il faut en profiter car c’est peut-être la dernière fois que j’ai aussi peu de responsabilité et autant de jeunesse.
Ce soir encore, faut que ça parte.
3 heures à se préparer, les mecs comme les filles, de toutes façons on est tous bi. Les ongles assortis à la bouche et aux talons aiguilles, les perruques, les résilles, les sapes fluos et minuscules… on a une sacrée touche.
3 heures à se préparer, au poil de sourcil près, tout ça pour rouler dans le caniveau et rentrer deux jours plus tard parfumés au vomi…
Ce soir on écume les concerts, puis les bars, et enfin les apparts. Là, au milieu d’un agencement hétéroclite de vieux rockers et de jeunes toxs, une rencontre sympa, une fille vivante. Trash, vraiment rock’n’roll, pas franchement aussi claire qu’elle le prétend mais bon, peu importe.
« eh c’est fou on a le même ex ! putain je suis fière il a pas perdu au change.. mais.. t’as fait gaffe avec lui, tu sais qu’il a le das ?..

Oh ! Oui, oui, t’inquiètes.. »
Un éclair blanc, puis rouge. Vite un verre. Rhum pur dans un bol taille papa ours.
« Hey miss tu rigoles pas toi ! »

Putain ça suffit pas. Une trace alors. Direction les toilettes avec le ptit mec qui vient de me brancher. Tout d’un coup ils m’intéressent, lui et son speed de merde. Bon. Ca comment à aller mieux. Dernier instant de lucidité, j’envoie un message à ma Xou : « R. a le sida. Je vais mourir. »

Faille spatiotemporelle, je me retrouve chez Miss Kitta, mon soleil, mon ange, ma plus vieille amie. La plus tarée aussi. On est tous sous prods, plutôt sauvagement déchaînés, au son de purs vinyles rockabilly. Ziiip. La soirée dérape. On se retrouve au lit avec la Miss, un punk et un guitariste de surf. Quatre, c’est notre première fois à toutes les deux, alors on est toutes contentes, un truc de plus à vivre puis à rayer sur la liste de nos excès en tous genres.

Tirée d’un semi-coma éthylique bien mérité après cette nuit épique par un coup de fil atrocement réel, je suis incapable de former des mots, mais ce que j’entends me bousille le ventre. Xou veut m’emmener faire un test, mais je suis bien loin de ces considérations pour le moment. Juste envie de me déchirer et d’oublier un peu. Genre en avant jusqu’à la mort. Au fond ce que j’ai toujours fait et toujours voulu, quand j’y réfléchis.

Ptit déj du punk : croissant écrasé sur le crâne, café versé dessus. « C’est bon, je peux avoir une kro maintenant ? ». L’aprèm qui suit c’est…

Boire, chercher à boire

Boire, chercher à boire

Boire !..

J’ai décroché l’interphone, histoire de plus entendre la sonnette que Xou teste depuis une bonne heure. C’est mieux mais des vagues de hurlements passent encore par le balcon et mon téléphone s’est changé en vibro. Bouffée de culpabilité quand même. Mais elle me fait CHIER ! C’est ma vie elle m’emmerde à vouloir m’aider.

Bon je descends, elle pleure je pleure. Tu comprends elle sait la vérité, elle sait que je ne me protège pas. C’est ça qui me fait pleurer, c’est que je ne peux pas lui mentir, pas lui dire que tout va bien, que c’est ok.

Un ptit rigolo chante dans l’interphone « Moi je veux mouriiiir sur scène… ».

De toutes façons j’irai pas. Pas aujourd’hui. Je veux me déchirer une dernière fois.

Ca repart de plus belle là haut. Ma belle est rentrée, son plan coke a planté donc elle reste ce soir. On est déjà morts de toutes façons, faudra juste un peu plus de drogue.