J’ai passé 3 semaines au Mexique cet été. J’y étais pendant les élections dont, même en France, les médias ont beaucoup parlé. Ils en ont parlé parce qu’une fraude électorale aussi voyante dans un pays censé être civilisé, le premier partenaire commercial des Etats-Unis, ne doit pas avoir lieu. Ils ont raison et c’est bien d’en parler, pour une fois, mais la plus grande fraude a eu lieu avant les élections : les seuls blancs que j’ai vu pendant ces 3 semaines étaient soit des touristes soit sur les affiches électorales. Les indiens et les métis (la très grande majorité du pays) ne se présentent pas aux élections. Eux je les ai vus dans les rues de Oaxaca dont ils occupaient le centre-ville. Le zocalo et toutes les rues autour étaient bloqués, ils vivaient là depuis le 22 mai, ils y sont toujours. 70 000 personnes.
Malgré l’armée qui est intervenu le 14 juin au petit matin. A coups de lacrymos , de matraque et d’armes, aidés par un hélicoptère non immatriculé, ils ont tapé, blessé et violé. Selon les grévistes, ils ont même tué, 2 profs et 2 enfants, mais officiellement il n’y a pas eu de morts. Ils sont restés. Ils y sont toujours.
Qui sont – ils ? Des dangereux zapatistes, communistes ou anarchistes qui veulent détruire l’état mexicain et remettre en cause tout le système ? Non.
Ce sont des professeurs de maternelle, de primaire et de collège. Ils demandent juste plus de moyens. Le gouverneur de l’état, Ulises, leur répond que c’est impossible, que ça coûterait trop cher. Faire intervenir l’armée et louer un hélicoptère à 600 000 euros pour déloger ces terroristes, ce n’est pas trop cher ? Petit détail, ce gouverneur est du PRI, l’ancien parti hégémonique qui a régné sur le Mexique pendant 70 ans. Ce parti pourri par la corruption et les abus de pouvoir est depuis 2000 le 3e parti du pays, il est rejeté en masse par la population. Ulises a été élu l’année dernière dans l’état le plus indien et le plus pauvre du Mexique. Etonnant non ?
Les profs sont restés, ils ne se sont arrêtés que 15 jours en juillet pour pouvoir finir l’année scolaire, pour les gosses, puis ils sont revenus. Ils vivent là sous des bâches, dans la rue, sur des bouts de carton. Paraîtrait-il qu’il y a encore eu des morts au début du mois mais depuis que je suis rentré, j’ai du mal à avoir des informations sur ce qui se passe.
L’armée a attaqué à nouveau le 20 août. Ils sont restés. Ils resteront. Pour le futur. Pour que le peuple reprenne le pouvoir.
Chanson pas révolutionnaire mais venant des tripes et du cœur, De La Rocha ne dit qu’une chose : nous devons reprendre le pouvoir. Et écouter cette basse.
3 comments:
Mais c'est qu'il s'en passe des choses, par ici! j'aime cette conviction, ce texte et cette chanson. Bonne suite!
Longue vie à toi !
bon j'ai des soucis d'internet dès que cela s'arrange je serais plus loquace.
ps:donc il y a bien eu des morts....
Ouais mais c'est que je voulais dire c'est que le Chiapas ne craint pas plus que d'habitude en ce moment alors que Oaxaca si. Mais ça reste la région d'EZLN et de Marcos et ça peut s'embraser très vite.
Un nouveau gouverneur vient d'y être élu : PRD (parti de gauche battu aux dernières présidentielles qui conteste toujours le résultat)
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