Ici, en Argentine, beaucoup de gens m’envient parce que je suis français. Pourquoi ? Vous avez vu notre président ? réponds-je alors. Oui c’est vrai, mais vous avez de la chance, vous avez des impôts, vous avez des retraites, des indemnisations pour les chômeurs, une sécurité sociale, m’explique-t’on.
Pour eux, ça serait un progrès, pas un retour en arrière. Disons le encore une fois, revenir à la loi du plus fort n’est pas la conséquence directe d’une adaptation nécessaire à la modernité. Non, c’est un choix politique.
Tout ça est vrai : on m’a dit textuellement qu’on avait de la chance d’avoir des impôts, d’être dans un pays de gauche même si le président est de droite.
Parce que si Kirchner est officiellement de gauche (comme on le dit en France en tout cas), personne ici ne le croit. Ses mesures gauchistes ne seraient que de l’achat de voix, du populisme. Son seul côté réellement de gauche serait son opposition au FMI et aux USA.
Alors quand on leur dit qu’un socialiste français est candidat ) la présidence du FMI, ils déchantent.
Une petite question en passant : qui a dit « Un homme de gauche ne peut pas présider le FMI. » ?
Vous ne voyez pas ? trop de possibilités, un cocu de l’UMP ? Mélenchon ou Emmanuelli ? un gauchiste ?
Non. C’est Joseph Tosovsky, ancien directeur de la Banque Centrale Tchèque, également candidat à la présidence du FMI, soutenu par Poutine. (ça vaut pas la Chine dont notre cher DSK est si fier d’avoir obtenu le soutien).
Non, mais franchement, c’est bas de dire ça. Regardez son camarade socialiste Pascal Lamy se débrouille très bien à la tête de l’OMC. Et puis d’abord, depuis quand il se permet de dire que DSK est de gauche ? Même Sarkozy ne ment pas aussi affrontement (si ? ah bon d’accord)
Mais revenons à cette phrase : : « Un homme de gauche ne peut pas présider le FMI. »
Pourtant, dans la séparation droite/gauche actuelle, son créateur JM Keynes est considéré de gauche. Pas par ceux qui sont vraiment à gauche bien sur, mais par beaucoup de gens tout de même (qui ne savent pas qui est Keynes). Car Keynes est capitaliste, interventionniste peut être, mais capitaliste.
Et on ne peut pas être capitaliste et se dire de gauche.
Il faut, au moins, être socialiste. C’est à dire communiste non révolutionnaire, un peu comme la Ligue Communiste Révolutionnaire aujourd’hui.Même si passer du communisme au socialisme a été une belle connerie.
Citation approximative de Rosa Luxembourg : « en changeant le moyen, on change le but. »
Et c’est vrai, car on est ensuite passé du socialisme à un capitalisme étatiste et interventionniste et de là à la social-démocratie.
Et du coup, on considère Keynes de gauche.
Ça craint.
Alors pour revenir à la phrase de l’homme de Poutine : un homme de gauche, dans leur acceptation du mot, peut diriger le FMI. Il pourrait peut être même faire quelque chose de bien. Mais ne rêvons pas, Strauss-Kahn ne cesse de répéter qu’il faut redéfinir les missions du FMI. De la même manière qu’on a redéfini le socialisme ? toujours plus à droite ?
Répétons ce qui devrait être le seul leitmotiv de la gauche, quelque soit le pays : lynchons le propriétaire.
Dead Kennedys - Let's Lynch The Landlord